Déclaration de la Délégation Ukrainienne
sur le p. 54 de l’Ordre du Jour de la Quatrième Commission
« Questions relatives à l’information »
New York, le 21 octobre 2014
Monsieur le Président,
La Délégation Ukrainienne salue le rapport bien étoffé du Secrétaire Général sur le paragraphe 54 de l'ordre du jour, ainsi que le Rapport du Comité d'information. Nous considérons que ces deux documents reflètent suffisamment bien le contenu et les orientations principales des activités de l’ONU dans le domaine d'information.
En temps de diffusion globale et intense des informations, ainsi que de l'augmentation progressive des flux d'informations, la gestion efficace de ces processus dans le cadre d'une telle organisation internationale universelle qui est l'ONU, se voit comme un vrai défi.
Il est incontestable que l'information, à l'heure actuelle, est un préalable important afin de pouvoir surmonter des crises politiques, économiques et humanitaires contre quoi sont visées, dans sa majorité, les activités du système de l'ONU.
La communication entre l'ONU et la communauté mondiale reste et restera toujours un instrument fort important visant à rapporter à l’opinion public des messages-clefs élaborés par des experts au sein de l'Organisation. Des décisions prises dans les cadres de l'ONU qui sont compréhensibles pour tout citoyen, un signal d'information visé correctement à l'auditoire général sont, à notre conviction, un facteur qui facilite considérablement la mise en pratique des tâches qui sont devant nous à présent.
L’Ukraine, avec esprit de suite, était et reste toujours une partisane des approches concrètes, et non pas celles déclaratives, dans le travail de l’Organisation, donc c’est pourquoi un travail bien coordonné de l’ONU sur le plan d’information se voit pour nous comme l’une des composantes les plus importantes de l’efficacité générale des activités de l’Organisation.
Dans ce contexte, nous considérons que le Département de l’information publique de l’ONU depuis des années de suite affiche son travail harmonisé, ce qui est un résultat des actions concertées d’une équipe des professionnels et des partisans des mêmes idées qui sont en souci du succès.
L’Ukraine remercie le DPI pour son travail exemplaire visant à faire parvenir à l’opinion public la substance des activités massives de l’ONU dans toutes ses grandes lignes. Nous voudrions faire valoir tout particulièrement le travail réussi et constructif du Département dans deux dimensions principales : dans la diffusion expéditive des informations de l’ONU, ainsi que dans la cause du support médiatique des activités courantes de tous les services du système de l’ONU à New York, ce qui est très apprécié en Ukraine dans les cercles universitaires et publiques.
Outre cela, je voudrais évaluer positivement le travail de Madame Isabelle Broyer, Chef du Groupe des accréditations et de la liaison avec les médias, ainsi que tous les collaborateurs de ce Groupe pour leur bon et intense travail dans l’organisation du séjour des nombreux journalistes lors de la Semaine du haut niveau de l’ouverture de la 69-ème session de l’Assemblée Générale.
Monsieur le Président!
Mesdames et Messieurs les Délégués!
Depuis la réunion de l’an dernier de notre 4-ième Commission sur la carte géopolitique de l’Europe des transformations dangereuses se sont produites. Mon pays est devenu un objet de l’agression préméditée de la Russie. Une partie du territoire ukrainien – la Crimée- en dépit de toutes les normes internationales de droit et de la Charte de l’ONU a été annexée sous une intervention militaire russe manifestement cachée.
Mais comme on le voit, cela ne suffisait pas pour la Russie. Alors, en ce moment le monde entier observe attentivement le déroulement des événements dramatiques dans la région de Donbass où notre armée protège héroïquement l’Ukraine contre les terroristes-mercenaires sponsorisés de l’extérieur qui coordonnent leurs actions avec Moscou. Ce n’est plus un secret pour personne le fait de la participation directe des formations militaires régulières russes sur le territoire de mon pays.
Ce scénario d&´jà approuvé et rodé avec succès par Moscou en Géorgie et Moldavie, a été réalisé effrontément et cyniquement en Crimée. Même jusqu’à présent la Russie ne cesse pas ses sales tentatives d’imposer un régime terroriste de marionnettes pro-russe dans la région de Donbass. Ce conflit dans le Sud de mon pays soutenu largement et alimenté artificiellement par Moscou cause chaque jour des souffrances humaines, ainsi que des milliers de victimes parmi nos soldats et la population civile. Tel est le prix des ambitions revanchardes géopolitiques des dirigeants russes.
L’Ukraine est convaincue qu’une telle politique agressive et effrontée d’un pays voisin et autrefois amical dans le 21 (vingt et unième) siècle se qualifie sans aucun doute non seulement comme amorale mais aussi ostensiblement criminelle. Nous profitons de cette occasion afin d’exprimer notre gratitude à tous les pays-membres de l’ONU qui nous ont soutenu pendant cette période vraiment tragique pour l’Ukraine, mais également rappelons la Russie à reprendre connaissance.
Monsieur le Président, et maintenant je voudrais exprimer quelques remarques de principe pour notre délégation sur la question examinée.
L’une des prémisses de l’agression de la Russie contre l’Ukraine a été la propagande d’information sans précédent depuis les années de la guerre froide dans sa compréhension et conception soviétique la plus mauvaise et la plus cynique qu’on puisse imaginer.
D’une manière nettement orientée, au jour le jour, les médias russes soigneusement contrôlés par le Kremlin, depuis le début de l’annexion de la Crimée faisaient «un travail persévérant» visant à laver la cervelle des habitants de la Crimée et du Sud de l’Ukraine tout en manipulant en cela avec leur comportement nostalgique et bienveillant envers des sentiments civilisables et culturels traditionnellement profonds qui unissent encore, malgré tout, les peuples ukrainien et russe.
La Russie a recommencé sa fameuse stratégie déjà un peu oubliée depuis le temps de la chute du Mur de Berlin, celle des attaques d’information minutieusement structurées, de la fosse information et du mensonge non dissimulé.
Les médias publics russes sont devenus une risée de tous (ils servent, je dirais, de bouffon) dans mon pays et dans la plupart des Etats où existe une notion «la presse libre».
Cela, à cause des sujets gâteux et parfois rigolos sur la crise ukrainienne visant, dans sa majorité, aux usagers internes russes. La notion «médias russes» est malheureusement déjà devenue un synonyme des sujets sur commande, «à grand spectacle» et de propagande uniquement pour faire plaisir au pouvoir politique russe, sujets qui, à priori, ne peuvent pas avoir les points de vue alternatifs.
Nous regrettons également le fait que des personnes publiques russes bien connues (chanteurs, acteurs et journalistes) qui ont risqué de critiquer la politique officielle du Kremlin à l’égard de l’Ukraine, sont soumises à une réprobation massive, persécution dans les médias et la poursuite physique.
Se voit bien significatif le fait que la première chose que les occupants russes faisaient en Crimée – c’est de couper instantanément la télévision ukrainienne et retransmettre la télé russe. La coopération étroite, pour ne pas dire fraternelle, des journalistes russes avec des terroristes dans la région de Donbass est également le fait reconnu – c’est bien eux (et personne d’autre) qui sont toujours les premiers sur la place de la chute de l’avion MH 17, c’est bien eux qui ont des interviews exclusifs avec des chefs de bandes terroristes. C’est toujours eux qui filment les interrogatoires et outrages aux militaires ukrainiens maintenus en captivité et c’est bien sûr eux qui interviewent Nadiya Savtchenko – une détenue politique ukrainienne qui passe actuellement un examen psychiatrique forcé à Moscou et qui, en dépit de toutes les lois et normes, a été enlevée et emportée à Moscou.
Et c'est sont toujours eux qui apparaissent les premiers sur le lieu où le représentant du Comité International de la Croix Rouge a été tué par les terroristes. Tendance, n'est-ce pas?
La fameuse énonciation du reich-ministre allemand de la propagande Joseph Goebbels (qui a été, d’ailleurs, qualifié par le président russe comme «une personne douée de talent») disant que «plus le mensonge est audacieux, plus on y croira», est devenue malheureusement un credo professionnel des chaînes de télévision russes telles que LifeNews, Russie, Première chaîne, NTV et autres. La chaîne de télé Russia Today s’efforce de retransmettre la propagande au niveau international.
Des ressources financières colossales ont été dépensées par Moscou afin de créer «une réalité virtuelle » toute particulière pour les citoyens russes qui sont déjà transformés en zombies au moyen des sujets mensongers des médias susmentionnés et qui n’ont pas la moindre idée du fait que c’est bien leur pays, Russie, qui est derrière l’excitation d’un conflit puissant en plein cœur de l’Europe.
Vous le savez bien qu’il y’a aujourd’hui pas mal de sites sur internet où les journalistes étrangers peuvent trouver facilement des « fakes » et le mensonge de leurs collègues russes. On met en jeu tous les moyens – des images de l’opération militaire en Irak (ce que les médias russes présentent comme l’utilisation des bombes au phosphore en Ukraine) et jusqu’aux photos des enfants syriens comme s’ils sont des enfants malheureux et torturés du Donbass.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Délégués.
L’agression d‘information est devenue une forme régénérée de la guerre non- déclarée que la Russie mène actuellement en Ukraine. C’est une forme de la guerre que la Russie a tiré des magots du passé. Il est impossible de faire renaître l’URSS de même que faire revenir le temps sur ses pas – c’est bien notre message au pouvoir russe.
Particulièrement cynique se voit l’attitude de la Russie sur le fond de sa paternité traditionnelle dans l’élaboration du projet de résolution de l’AG de l’ONU «Les progrès dans le domaine de l’informatisation et tél&´communications dans le contexte de la sécurité internationale».
Selon nous, c’est la même situation quand le cambrioleur des appartes travaille en même temps comme un policier de quartier.
Fort éloquent et expressif est aussi le fait que Monsieur Fedotov, le Président du Conseil des droits de l’homme auprès du président Poutine, lors de la dernière réunion de ce conseil (le 14 octobre dernier) a proposé à Monsieur Poutine de «...renoncer à la guerre d’information contre l’Ukraine et passer à la politique de la compréhension mutuelle d’information. C’est uniquement comme ça que nous pourrons restaurer au fur et à mesure les relations d’amitié et de fraternité entre les peuples de nos deux pays" (fin de citation).
L’Ukraine profite de cette occasion afin de rappeler les pays-membres de l’ONU à ne pas laisser sans une évaluation compétente toutes les tentatives de déclencher et mener la guerre d’information par un Etat contre l’autre. Nous appelons également de ne pas permettre la nouvelle revanche des méthodes totalitaires de l'opposition informatiques qui ont été typiques pour la période de la guerre froide.
Nous exigeons de la Partie russe de cesser immédiatement la guerre d’information contre l’Ukraine et de faire revenir nos relations dans leur cours constructif et prédictible. Nous sommes convaincus que les valeurs humaines et la volonté (autant que possible pour le présent) de maintenir les relations normales entre nos Etats doivent devenir les pas de première urgence dans nos relations bilatérales.
Nous invitons également les services pertinents de l’ONU à renforcer le monitoring de l’espace international d’information en matière d’utilisation des informations à titre de méthode de mener les campagnes de propagande planifiés au niveau national.
La Délégation Ukrainienne, qui actuellement vice-préside le Comité de l’Information considère que la diffusion des informations ne se voit pas du tout faisable sans avoir la liberté et l’activité impartiale des journalistes qui, parfois tout en risquant leurs vies, rapportent à l’opinion publique des informations importantes sur des événements d’actualité dans la vie mondiale.
Pour conclure, je voudrais faire remarquer que l’information – c’est une «arme» bien puissante qu’il ne faut utiliser que dans la promotion des idéaux de paix, de respect mutuel et de compréhension entre les peuples, de démocratie et de prospérité ce qui, en fait, constituent les principes de l’activité de l’ONU.
Nos efforts conjoints sont de nature à changer le monde en mieux.
Nous sommes aussi capables pour l’instant de ne pas permettre de restaurer ce qui mérite de rester à tout jamais dans le siècle passé.
Je vous remercie de votre attention.
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